Vie de la SCOP

L’ESS, défricheuse des nouvelles relations villes-campagnes

ferme urbaine

L’économie sociale et solidaire (ESS) est un des piliers sur lesquels l’Union européenne entend fonder sa résilience, une ambition confirmée par la Commission européenne qui a présenté le 9 décembre dernier un plan d’action pour la développer. Les ministres chargés de l’économie sociale et solidaire se sont réunis le 17 février à Paris afin d’amplifier cette dynamique.

Pour aller plus loin sur ce sujet de l’ESS, nous avons aujourd’hui le plaisir de partager avec vous un article publié par le site  https://www.avise.org/ en janvier dernier. L’Avise est le portail  du développement de l’économie sociale et solidaire. Depuis 20 ans, l’Avise accompagne le développement de l’économie sociale et solidaire (ESS) et de l’innovation sociale en France et en Europe
en mettant ses savoir-faire d’agence nationale d’ingénierie au service des entreprises de l’ESS et des acteurs qui les soutiennent. L’agence fait donc régulièrement la part belle aux problématiques chères à dYnalec. En effet, depuis 10 ans que nous avons rejoint l’Economie Sociale et Solidaire, avec notre passage en SCOP, nous oeuvrons au quotidien pour montrer que l’industrie a toute sa place et peut elle aussi être sociale et solidaire. Chez dYnalec la RSE n’est pas un simple acronyme, elle nous anime et nous motive pour mettre en place des actions concrètes au service de la transition énergétique.

La PPI générée par notre SCOP soit 33 % minimum du résultat, a pour vocation de soutenir les projets territoriaux de l’Économie Sociale et Solidaire ou de transition, afin de replacer l’entreprise face à ses responsabilités sociétales. Chez dYnalec, La PPI représente plus de 200 000 € d’investissement par an pour une entreprise de seulement 14 salariés. Le simple fait d’avoir changé notre modèle économique nous permet donc de soutenir les projets qui participent à la construction d’un monde plus durable. Ce que nous avons fait avec Kerwatt par exemple, ou sur des projets d’éolien.  L’agriculture fait partie des prochains sujets que nous allons soutenir, l’article qui suit prend donc tout son sens et résume parfaitement l’état d’esprit de dYnalec sur ce sujet.

Cet article est issu d’Avise, retrouvez l’article complet L’ESS, défricheuse des nouvelles relations villes-campagnes | Avise.org

Aujourd’hui, le modèle urbain n’est plus considéré comme le seul pertinent pour dessiner l’avenir du territoire français. Cependant, si les liens entre villes et campa

  1. ferme urbainemobiliser les ressources de leurs territoires afin de répondre à l’ensemble de leurs besoins, en les connectant à toute une série d’enjeux territoriaux ».

gnes sont appelés à se reconfigurer, ils demeurent souvent pensés uniquement dans leur complémentarité. Pour aller plus loin, quelques structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) montrent le chemin.

Le « mutualisme » ville-campagne

Laetitia Verhaeghe, doctorante au sein de l’Unité Mixte de Recherche Géographie-Cités, travaille sur le (re)déploiement des relations villes-campagnes dans le cadre de la transition socio-écologique. Dans ce cadre, elle a identifié trois types de rapports entre mondes urbain et rural :

  1. Le premier s’incarne par la reconnexion des besoins des villes avec les ressources des campagnes situées à proximité.
  2. Le deuxième a trait au développement des filières de campagnes plus éloignées pour répondre aux besoins des villes.
  3. Face à ces deux modèles, la chercheuse oppose un troisième type qu’elle désigne par le terme de « mutualisme ville-campagne » : « Ici, nous ne sommes plus dans une lecture qui part des villes, mais dans une lecture conjointe ville et campagne. L’idée est que les acteurs publics et privés des villes et des campagnes se mettent ensemble pour De l’alimentation au foncier

Dans cette optique, un certain nombre de domaines font l’objet de collaborations innovantes dans lesquelles les structures de l’ESS sont souvent motrices, voire pionnières.

Claire Delfosse, professeure à l’Université Lumière Lyon 2 et directrice du Laboratoire d’études rurales, met en évidence l’entrée alimentaire, évoquant un « nouveau « pacte » qui engage grandes villes françaises et campagnes nourricières ». Les initiatives d’agriculture urbaine comme celles de l’association pour le soutien à une agriculture sur les toits ou de Toits vivants montrent bien qu’elles ne peuvent se suffire à elles-mêmes et qu’elles doivent forcément trouver des alliés en milieu rural, producteurs ou Amap. « L’alimentation solidaire est également l’objet de réseaux qui, depuis l’urbain, investissent progressivement les espaces ruraux » explique Claire Delfosse qui cite l’exemple du Groupement Régional Alimentaire de Proximité (GRAP), Scic créée à Lyon, « qui a désormais pour ambition de développer, sous forme de Scop en milieu rural, un lieu d’accueil pour des séminaires d’entreprises et des formations ».

>> Découvrez l’étude « Les liens ville-campagne réinterrogés à travers les nouvelles préoccupations alimentaires urbaines » de l’Ecole Urbaine de Lyon

Cette approche alimentaire conduit à prendre en compte l’enjeu foncier, qu’après Terres de liens, pionnière en la matière, abordent chacune à leur façon les Scic de La Ceinture verte ou l’association Terres en villes, représentatives de ce nouveau mutualisme ville-campagne.

De nouveaux « pactes »

Le « pacte » dont parle Claire Delfosse pourrait se décliner sur d’autres thématiques – comme l’énergie, le tourisme, la santé, la culture, la mobilité, etc.

À l’heure où, crise sanitaire aidant, de plus en plus d’urbains aspirent à vivre en milieu rural (et pour une frange plus tout à fait marginale ont déjà sauté le pas), l’arrivée de ces nouveaux ruraux introduit à la fois de nouvelles pratiques (souvent incarnées dans des structures d’ESS) et de nouveaux besoins (le télétravail qui recoupe les besoins des ruraux comme celui d’être bien équipé en matière numérique par exemple).

Pour Nicolas Hazard, conseiller spécial en charge de l’économie sociale et solidaire auprès de la Commission européenne, et auteur d’un livre manifeste Le bonheur est dans le village, « c’est un peu comme si l’ESS prenait sa revanche. Historiquement positionnée sur des secteurs d’intérêt général – prévention santé, éducation populaire, prise en charge de la dépendance…-, pionnière en matière de transition écologique – énergies renouvelables, économie circulaire, agriculture biologique…- et de modèles économiques alternatifs en passe de devenir la norme – circuits-courts, commerce équitable, auto-partage…-, cette autre manière de faire l’économie constitue désormais un modèle attractif ». Un modèle qui a aussi l’avantage d’être facilement appropriable par les citoyens qui s’engagent, comme l’illustrent les 70 000 associations créées annuellement et l’engouement pour les Scic ces dernières années. Claire Delfosse note un « intense mouvement associatif et d’économie sociale et solidaire, dont les réseaux transcendent souvent l’urbain et le rural et créent ainsi des formes d’hybridation ».

Transcender l’urbain et le rural

Compagnies théâtrales et artistes accueillis en résidence à la campagne où certains des membres, mobiles de par leur profession, choisissent d’habiter ; urbains confinés en rural en 2020 ou 2021 qui apprécient des services locaux qui bénéficient de leur présence ; échanges pédagogiques ou de loisirs qui s’inscrivent dans la durée ; entreprises de services délocalisées en rural (comme la Scop des éditions du Passager clandestin) ; l’organisation en octobre dernier des premiers états généraux du post-urbain dans un petit village limousin à l’initiative de l’universitaire Guillaume Faburel, auteur d’un Pour en finir avec les grandes villes sont autant de signes de cette hybridation entre le rural et l’urbain.

Une étude menée par le RTES en 2021 sur « ESS, territoires ruraux et urbains » conclut : « Les multiples flux qui s’observent entre les territoires urbains et ruraux marquent des dépendances réciproques et appellent à dépasser la compétition entre territoires en activant de nouvelles coopérations ». Parmi celles-ci, les « contrats de réciprocité ville-campagne » initiés en 2015 par le gouvernement avaient pour but de favoriser les partenariats d’égal à égal entre les villes et les campagnes.

Pour de véritables « réciprocités », sans doute plus modestes, mais efficaces et à taille humaine, nul doute que les acteurs et actrices de l’ESS trouvent entièrement leur place !

En savoir plus
>> Consultez l’étude ESS, territoires ruraux et urbains, coéditée par POUR LA SOLIDARITE-PLS et le Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire (RTES)
>> Consulez l’étude Territoires urbains, ESS et innovation sociale, réalisée par l’Avise, France urbaine et le RTES
>> Consultez le Mode d’emploi : ESS et ruralités, réalisé par l’Avise et le RTES